Les biocarburants : objets d’avenir ou du passé ?
Les biocarburants allaient sauver la planète, et il y a peu de temps encore, tout le monde ne jurait que par le colza, le Diester…
Aujourd’hui on ne parle plus de biocarburants, mais d’agrocarburants. Ne seraient-ils pas (plus) aussi bio ? Ce que nos “spécialistes” des carburants verts avaient omis de nous préciser à l’époque, c’est le côté obscur de ces carburants dans lesquels nos pétroliers incorporaient des alcools et des huiles issus de végétaux. En ne retenant que les émissions gazeuses polluantes à la baisse, le bilan global de l’usage de tels carburants était bien entendu largement positif. Mais d’autres émissions, elles à la hausse, étaient oubliées.
Et que dire du bilan environnemental précédant cette incorporation ? Avant d’incorporer par exemple 10% d’éthanol dans une essence ou jusqu’à 7% d’huile végétale dans un gasoil ou un fioul, il s’est passé de nombreuses opérations : obtention de la semence des végétaux, leur transport en sacs plastiques épais, l’ensemencement en tracteur agricole consommant du gasoil, les arrosages, les engrais et les pesticides ajoutés toujours en tracteur agricole, la récolte avec d’autres engins agricoles et le transport en camion jusqu’à l’unité de transformation de ces graines en huile végétale, le processus de fabrication de cette huile végétale dans une usine, etc. Toutes ces opérations sont consommatrices d’énergies et émettrices de polluants, et bien plus en définitive que ce qu’un carburant incorporant quelques pour-cents de matière végétale peut entraîner de réduction d’émission de quelques gaz polluants.
Et que dire du rôle désastreux de ces productions végétales sur l’état général de la biodiversité lorsque des forêts primaires entières d’Asie du sud-est partent en fumées dans notre atmosphère pour faire place à des milliers d’hectares de palmiers à huile ou de jatropha ?
Et que dire des conséquences désastreuses de ces productions végétales accroissant la faim dans le monde : cette demande importante et grandissante de certains végétaux destinés aux agrocarburants (soja, maïs, canne à sucre, colza…) entraînent des hausses de prix considérables et réduisent d’autant les tonnages destinés à l’alimentation humaine, surtout des pays les plus pauvres, et participent également à la hausse des prix des viandes que nous consommons par la répercussion sur l’alimentation animale.
Comment accepter plus longtemps de verser des céréales dans nos réservoirs automobiles quand un milliard d’humains en voudraient bien, seulement pour ne pas mourir de faim ?