Réduire sa consommation d’essence ou diesel : est-ce possible ?
Vaste sujet entraînant des milliers de pages de commentaires de tous acabits dans les forums, des promesses délirantes d’économie de carburant jusqu’à 20%, des propositions en tous genres de systèmes parfois étonnants et d’additifs de toutes les couleurs…
Qui dit vrai ?
Comment choisir entre toutes ces prétendues solutions de réduction de consommation de carburant ?
Et surtout comment vérifier qu’il y a effectivement une réelle économie de carburant ?
Il y a en définitive trois solutions pour réduire sa consommation de carburant :
- modifier l’installation ou le moteur et/ou
- modifier son carburant et/ou
- modifier le comportement du Conducteur
Modifier l’installation ou le moteur
Au préalable, il faut garder à l’esprit que nous parlons de la manière de réduire la consommation de carburant d’un moteur pour son bon fonctionnement.
Et selon nous, il est essentiel d’ajouter : avec toutes les garanties. Nous ne voulons pas nous placer parmi ceux qui sont prêts à tout, ou presque, pour réduire leur consommation de carburant. Nous souhaitons conserver la garantie constructeur du moteur pour lequel nous souhaitons baisser la consommation de carburant.
De fait, nous éliminons immédiatement ce qu’il est convenu d’appeler les additifs solides. Au sens large du terme, un additif est un produit que l’on ajoute à un autre produit. Ajouter dans un moteur ou sur le circuit d’alimentation carburant une pièce, ici destinée à réduire la consommation de carburant, est bien sûr tout à fait possible, et de nombreux systèmes existent, donnant parfois des résultats encourageants.
Mais aucun constructeur de moteur, d’un moteur de tondeuse au moteur de milliers de chevaux d’un porte-conteneur de deux cent mètres, n’a prévu, lorsqu’il concevait ce moteur sur sa table à dessin ou dans son programme informatique, un espace suffisant en se disant qu’il servira peut-être, un jour, à tel ou tel, pour y placer un système de billes d’étain ou un tube avec des ailettes qui serait destiné à économiser du carburant !?!
Chacun peut, de son initiative, installer un tel additif solide, mais aucun constructeur ne le validera réellement. Nous ne parlons pas du concessionnaire local, plus ou moins collègue éventuellement, qui vous donnera un accord verbal rapide. Nous parlons du siège international du constructeur, et de sa direction technique. Tant que tout se passe bien et que personne ne le sait, cela n’entraîne aucune conséquence négative. Mais dès lors qu’il y a un problème, que celui-ci soit dû ou non au système installé, les complications peuvent commencer.
Modifier le carburant
Concernant les additifs liquides, plus nombreux et plus largement diffusés, nous tenons le même langage : rejeter tout additif carburant liquide qui ne soit pas clairement validé par les constructeurs et motoristes. Nous avons lu avec intérêt un reportage sur ce sujet.
Modifier le comportement du Conducteur
C’est évidemment la méthode la plus simple à priori et la plus efficace pour économiser du carburant, beaucoup de carburant. Mais c’est aussi la moins durable : chasser le naturel et il revient au galop ! Tout individu ou presque, pour sa conduite automobile comme pour toute autre chose, est capable de décider dès demain d’adopter un comportement différent pour économiser sa consommation de carburant. Le(s) premier(s) jour(s), on est très attentif et cela commence à fonctionner… mais très vite, on retrouve sa vraie nature. Pourtant de nombreux petits trucs, très simples pour la plupart, sont capables de vous réduire votre consommation de carburant de manière significative :
- La pression et l’état des pneus : vérifiez la pression au moins une fois par mois et avant tous les grands trajets car des pneus sous-gonflés entraînent une augmentation de la résistance au roulement et donc une surconsommation de carburant de 2,4 % par 0,5 bars, ainsi qu’un échauffement dangereux pour la sécurité (risque d’éclatement).
- Le filtre à air (un filtre à air bouché, c’est 10 % de carburant consommé en plus et une sur-émission de polluants).
Moteur au démarrage :
- N’appuyez pas sur la pédale d’accélérateur lorsque vous démarrez votre moteur : depuis une vingtaine d’années, les moteurs à injection sont conçus pour n’utiliser qu’une quantité de carburant précise et ne nécessite plus un démarrage assisté.
- Éviter, même par temps froid, de faire chauffer votre moteur à l’arrêt. Mieux vaut privilégier une conduite en douceur sur les quatre ou cinq premiers kilomètres. Vous réduirez votre consommation de carburant et vos rejets polluants.
Moteur en route :
- Couper son moteur à tout arrêt prolongé : l’arrêt et le re-démarrage de votre moteur automobile consomme moins de carburant que de laisser son moteur fonctionner au ralenti durant ces arrêts un peu prolongés. Plusieurs constructeurs proposent maintenant des véhicules stop and go (ou stop and start).
- Maintenir une vitesse la plus constante possible (selon conditions) : tout à-coup, tout freinage brutal et accélération puissante, peuvent entraîner jusqu’à 20% de consommation carburant supplémentaire… et finalement inutile. 20% de consommation de carburant en plus durant deux ou trois secondes c’est très peu, mais si vous conduisez votre véhicule de cette manière depuis quatre ans, cela peut représenter un litrage important. L’automobiliste français parcourt en moyenne 15 000 kilomètres par an, et la consommation moyenne du parc automobile français était de six litres et demi en 2020. Quatre années de conduite sur ces bases représentent donc une consommation carburant d’environ 4 000 litres de carburant.
- Respecter les limites de vitesse : si tous les automobilistes respectaient les limitations de vitesse imposées par la loi, la réduction de consommation carburant tendrait vers -6%. Lorsqu’on y réfléchit bien, en roulant à 120 km/h sur autoroute ou à 80 km/h sur une route nationale, ne peut-on pas arriver ici ou là quelques minutes, voire dizaines de minutes, plus tard qu’en roulant une dizaine ou une vingtaine de km/h plus vite ? Quelles seraient les vraies conséquences dans le bon déroulement de ma journée ? Consommer plus de carburant, c’est donner plus d’argent aux compagnies pétrolières et à l’État. Et ce sont ceux qui crient après cela qui souvent roulent le plus vite.
- Utiliser dès que possible le frein moteur et rétrograder avec anticipation en abordant toute zone de ralentissement.
- Respecter toujours une distance de sécurité conséquente par rapport au véhicule qui vous précède, pour éviter tout freinage et accélération trop brusques.
- Mieux se servir du compte tours : passez la vitesse supérieure vers 2 500 tours/minute pour un moteur essence et vers 2 000 tours/minute pour un moteur diesel. Évitez les sur-régimes le plus souvent inutiles et très consommateurs de carburant.
- Ne pas conduire au point mort : penser qu’en descente, se laisser rouler au point mort fait économiser du carburant est faux… et peut être dangereux. Lâcher l’accélérateur et laisser rouler avec un rapport de vitesse adaptée enclenchée : votre consommation sera nulle avec l’injection coupée.
- Ne pas abuser des équipements électriques : climatisation augmentant la consommation de carburant vers +5%, dégivrage vitre arrière, essuie glace en mode alternatif dès que possible, etc.
- Apprendre à connaître sa consommation carburant : il faut s’aider du compte tours et de l’éventuel régulateur pour mieux apprécier la consommation carburant du moteur et les possibles économies carburant engendrées par telle ou telle modification de comportement.
- Rouler toujours avec un gonflage de pneumatiques approprié : l’état des pneumatiques et leur gonflage peut avoir une incidence significative sur la consommation carburant du véhicule.
Comment vérifier une baisse de consommation carburant ?
La grande majorité des particuliers ne connaissent pas, ou très mal, la consommation carburant de leur automobile, la consommation de fioul domestique de leur chaudière, la consommation carburant de leur bateau de plaisance ou de pêche promenade… et la grande majorité des professionnels ne connaissent qu’à peu près la consommation carburant de leur parc de poids lourds, de leur parc d’autocars, de leurs engins agricoles ou de leur flotte de navires. La hausse quasi continue des prix des carburants nous contraint tous à faire des efforts pour mieux mesurer notre consommation carburant et à prendre des mesures pour l’économie de ces carburants.
On a détaillé ci-dessus quelques mesures envisageables et en particulier celles consistant à modifier l’installation consommatrice de carburant.
Pourquoi croire que tel additif carburant validé constructeurs sera plus performant que tel autre ? Comment évaluer les résultats de tel ou tel système essayé ?
Lorsqu’un commercial me démarche ou que je lis une documentation sur tel produit affichant une économie de carburant (publicité, forum de discussion…), je ne peux que douter ce qui est prétendu. Dans tous les cas, l’information que je reçois est subjective : une publicité ou un commercial ne peut être totalement objectif sur l’additif carburant solide ou liquide présenté, un forum de discussion est toujours orienté entre ceux qui aiment et ceux qui préfèrent un concurrent (et il existe des sociétés de distribution d’additifs carburants qui proposent d’offrir gratuitement du produit aux utilisateurs du forum qui en parleraient).
Il existe selon nous deux méthodes d’appréciation plus objectives qui se complètent le plus souvent :
Pour tout carburant et pour toute application il existe dans le monde des laboratoires connus et reconnus, validés par les constructeurs de moteurs et certifiés par des organismes neutres spécialisés. Toutes ces informations, dès lors qu’elles existent bien sûr, doivent être consultables en toute transparence, par tous. Elles peuvent se présenter sous forme d’un dossier papier transmis par le commercial, ou plus généralement maintenant sous forme de dossier électronique ou sur le site internet de la société vous proposant son produit. Ces laboratoires ayant testé le produit sur des bancs d’essais doivent être clairement identifiés et on doit pouvoir les contacter facilement pour vérifier les informations émises. Ces laboratoires doivent impérativement être validés par les constructeurs ou motoristes, pour telle ou telle application. S’agissant d’additifs carburants liquides, il est essentiel bien sûr de disposer également des certifications adéquates confirmant bien la compatibilité du dit additif avec le carburant à la norme réglementaire exigé par le constructeur pour le maintien de sa garantie moteur.
Exemple : dans la boîte à gant de votre véhicule (mais c’est aussi valable pour un navire, une tondeuse, un bus ou une moissonneuse batteuse) se trouve une notice d’utilisation de plusieurs dizaines de pages et précisant, entres autres points, l’exigence du constructeur en terme de carburant. Pour le gasoil, il est en général précisé qu’il doit s’agir d’un gasoil conforme à la norme réglementaire européenne EN 590. Vérifier que l’additif carburant liquide proposé respecte bien cette norme selon des analyses réalisées par un laboratoire reconnu dans la profession (IESPM, SGS, DNV, Intertek, Bureau Veritas…) est selon nous une précaution élémentaire.
Autre indice qu’il s’agit bien d’un additif carburant compatible ne présentant aucun risque à terme : s’il est distribué par un pétrolier ayant une certaine notoriété, et/ou si de nombreux professionnels clairement identifiés peuvent témoigner des efficacités de l’additif carburant.
Il existe un outil de communication fabuleux aujourd’hui qui est internet, mais il faut s’en méfier cependant : un site internet est une merveilleuse vitrine, où il est possible de mentir facilement ! Malgré tout, avant de choisir, que ce soit votre prochain additif carburant ou tout autre produit que ce soit, une visite attentive du site des fournisseurs retenus est le plus souvent très instructive. Lorsqu’une entreprise dispose d’informations objectives sur son produit, elle les présente toujours sur son site internet.
Afficher que tel additif réduit la consommation de carburant du chiffre rond de 20% sans plus de précision n’est pas égal à une réduction de consommation d’un moteur diesel mesuré sur le banc d’essai d’un laboratoire reconnu par l’ADEME (normes dites UTAC) à -2,4%, ou celle d’un gros navire mesurée par le laboratoire Envirotech selon le protocole de mesure IMO E2 à -9,8%.
- Mesures de consommation carburant sur le terrain par des utilisateurs
Il en sera de même des témoignages des utilisateurs, et de préférence de professionnels. De vrais témoignages, circonstanciés, datés, chiffrés. De vrais utilisateurs, clairement identifiés. Des professionnels de préférence, et si possible importants.
Et pour quelles raisons toutes ces précautions me direz-vous ?
Parce qu’il est très facile de réaliser en une journée une dizaine de témoignages de particuliers : un beau-frère attestant d’une économie de carburant de 10% sur sa moto, un voisin confirmant par un courrier vieux de cinq ans que la consommation de ses trois taxis et ambulances a, sans doute, baissé de 15%…