Qu’appelle t-on réellement gaz de schiste ?
Au lieu de schiste, il serait plus judicieux de parler d’argiles. Ce gaz d’origine naturelle, dit de roche-mère (shale en anglais), a été généré par une décomposition des argiles à forte concentration de matières organiques, sur des millions d’années. La présence de gaz de schiste est courante dans les sols marneux et argileux.
Différemment du gaz naturel que l’on rencontre sous forme de poches, le gaz de schiste se trouve disséminé dans ces roches poreuses. Il est donc nécessaire de détruire le structure des roches pour libérer en sous-sol le gaz de schiste, avant de le récupérer en surface. Un forage rectiligne vertical permet de pénétrer dans la poche de gaz naturel.
Pour le gaz de schiste, le forage est d’abord vertical pour atteindre la profondeur nécessaire, puis se coude en forage horizontal, parfois sur plusieurs kilomètres, qui va permettre la fracturation hydraulique. Un fluide sera injecté sous très haute pression à intervalles étudiés sur ce forage horizontal, afin de fissurer, d’éclater les roches, qui libèreront alors leur gaz de schiste.
Les conversations actuelles sont multiples sur ce sujet à controverse du gaz de schiste, mais la plupart tournent autour de ce fluide injecté en grande quantité dans les sous-sols. Ces liquides injectés sont présentés par les compagnies pétrolières spécialisées dans l’extraction de gaz de schiste comme de l’eau tiède.
Il s’agit effectivement d’eau mais pas seulement d’eau. Quatre types de produits sont mélangés à cette eau avant d’être injectés dans le sous-sol :
- du sable à granulométrie adaptée au site et à la roche : ce sable aura pour mission de s’introduire dans les micro-fissures produites par l’explosion de la roche-mère et d’empêcher que ces fissures se referment avant que le gaz s’en soit échappé.
- des lubrifiants : pour optimiser la pénétration des particules de sable dans les micro-fissures, les spécialistes du gaz de schiste ajoutent des lubrifiants de synthèse.
- des détergents : pour que le gaz de schiste ne se rétracte pas dans la roche après l’explosion sous haute pression, qu’il soit donc plus facilement récupérable, augmentant d’autant la productivité du forage, des détergents chimiques sont ajoutés à l’eau.
- des biocides : de la même manière que les pétroliers incorporent un additif biocide dans certains carburants, les spécialistes de l’extraction de gaz de schiste (souvent ces mêmes pétroliers) incorporent un biocide chimique puissant dans l’eau à injecter. Cet additif biocide doit empêcher la prolifération bactérienne dans l’eau et le forage, qui nuirait à la rentabilité de l’opération.
Que deviendront ces produits hautement chimique dans nos sous-sols ?
Des lubrifiants, des détergents et des biocides seront injectés à très haute pression dans des roches à plusieurs centaines de mètres sous nos pieds, voire à plusieurs kilomètres. Là même où se trouvent nos nappes phréatiques, là même où circulent nos eaux de ruissellement souterrain vers nos sources et nos cours d’eau.
Les sociétés de forage de gaz de schiste peuvent-elles nous donner les compositions précises de ces produits chimiques ?
Quelles quantités de ces produits seront injectées ?
Quelles conséquences sur la qualité de nos eaux : biodiversité, santé… ?
Bien sûr que l’exploitation du gaz de schiste peut avoir des répercussions positives, locales (emploi, finances des collectivités concernées) et nationales (indépendance énergétique), mais le débat est en cours : cela suffit-il pour “oublier” les éventuels désastres environnementaux et sanitaires que l’exploitation du gaz de schiste entraînerait ?
Sables bitumineux et schistes bitumineux …
Il existe aussi des sables bitumineux et des schistes bitumineux que l’on extrait plus en couches superficielles des sous-sols, voire véritablement en surface.
Tout comme le gaz de schiste, le schiste bitumineux n’est pas géologiquement parlant un schiste. Alors que le sable bitumineux provient bien d’une biodégradation du pétrole et en est très chargé, le schiste bitumineux n’a jamais atteint à sa formation géologique une température et une pression suffisantes pour contenir une quantité significative de pétrole ou de bitume. Le schiste bitumineux est une roche (pas uniquement du schiste) moins riche en matières organiques.